Nils, Holli et Klaas sont pêcheurs de crevettes dans la mer des Wadden. Celle-ci s’étend des Pays-Bas au Danemark, en passant par l’Allemagne. Depuis plusieurs générations, les familles de pêcheurs vivent par et pour la crevette.
Klaas Bouma, le pêcheur néerlandais, vient d'une famille de constructeurs de bateaux, mais lui a opté pour la vie de pêcheur. Chaque dimanche soir, il quitte le port de Harlingen pour ne généralement revenir que le jeudi suivant. Il n’interrompt sa sortie en mer que pour livrer à terre les crevettes qu’il a fait cuire puis réfrigérer.
Le travail quotidien de Klaas est rythmé par les caprices de la nature. Lorsqu’il rencontre un banc de crevettes, avec son chalutier Sarah HK-80, Klaas ne peut pas faire de pause. Il dort « où et quand c’est possible » : il jette l’ancre en mer, ou se repose au port.
Son itinéraire change chaque jour, mais aussi parfois de demi-heure en demi-heure. Chaque pêcheur de crevettes a ses zones de prédilection. Souvent, elles se transmettent de génération en génération. Mais la nature change (courants, chenaux, etc) rien ne reste identique. Par ailleurs, la protection de l'’environnement dans la mer des Wadden a poussé les pêcheurs à aller jeter leurs filets plus loin.
De tout temps, l’homme a utilisé les ressources de la mer. Il y a des milliers d’années déjà, les habitants des côtes récoltaient des coquillages à marée basse, chassaient le phoque et capturaient poissons et crevettes dans les bras de mer. Les pêcheurs côtiers n’étaient pas riches. Mais leurs captures leur permettaient de vivre et de nourrir leur famille.
54 % des captures européennes de crevettes de mer du Nord sont destinées à la consommation belge.
90 % de la production de croquettes de crevettes est consommées en Belgique
70 % de la production de croquettes de crevettes est assurés par des entreprises belges, surtout flamandes.
Lorsqu'il part à la chasse à la crevette, Klaas se fie à son expérience et à son intuition. C’est ce qui compte le plus.
La gestion raisonnée de la pêche à la crevette est un défi. Les autorités allemandes, danoises et néerlandaises ont régulé leurs flottes chacune à leur manière. Mais aucun des trois pays n’a fixé de quotas de captures. Cela a compliqué la gestion de la fluctuation des stocks. Lorsque les captures étaient faibles, on pêchait davantage pour ramener suffisamment de crevettes.
Il est d’autant plus remarquable que les pêcheurs de crevettes soient eux-mêmes arrivés à la conclusion qu'ils voulaient mettre un terme à ce type de pratiques. La demande croissante du marché en produits de la mer durables a poussé les pêcheurs à considérer l’intérêt d'une gestion collective et de techniques de pêche plus durables. Par ailleurs, il était aussi dans leur propre intérêt de préserver la tradition de la pêche à la crevette de père en fils.
Après des années de concertation entre les secteurs allemand, danois et néerlandais, les pêcheurs de quelque 450 crevettiers se sont entendus sur des mesures restrictives – adoptées sur base volontaire. Au final, cela a débouché, fin 2017, sur une certification MSC.
Le fait que les pêcheurs de crevettes puissent désormais afficher le label MSC est un véritable atout pour le secteur de la crevette, pour le consommateur et pour la nature. La pêche à la crevette s’effectue dans des écosystèmes naturels précieux et fragiles, qu'il convient de protéger. Pendant des années, pêcheurs de crevettes et défenseurs de l’environnement se sont regardés en chiens de faïence.
Heureusement, cette époque est aujourd'hui révolue. Le processus de certification MSC y a contribué. Il règne désormais une bonne entente avec les organisations de protection de l’environnement. Par de là les frontières des trois pays, et avec l’aval des organisations de protection de l’environnement, les pêcheurs de crevettes ont mis au point un plan de gestion commun pour leurs pêches. Les quelque 450 chalutiers travaillent désormais de concert à la mise en œuvre de ce plan.
Pour obtenir et conserver la certification MSC commune, les pêcheurs doivent limiter au maximum l’impact de leur activité sur la vie marine. De même, ils doivent aussi pouvoir réagir rapidement et de manière adéquate aux changements qui interviennent dans les stocks de crevettes. L'objectif étant de maintenir ces stocks à un bon niveau, de manière à pouvoir encore se régaler longtemps avec ces crevettes.
Du fait de la certification MSC, les pêcheurs de crevettes restent désormais plus souvent à quai, et ils se rappellent mutuellement leurs obligations. Les mailles des filets sont aussi plus larges, avec moins de captures à la clé. En utilisant des matériaux légers pour leurs filets et en évitant soigneusement les zones vulnérables, les pêcheurs réduisent également leur impact sur les fonds marins.
Klaas Bouma : « C’est une bonne chose qu’il y ait des règles. Il faut, comme pour la circulation routière. Mais ilfaut aussi que nous nous y tenions tous. Donc, si nous restons à quai, tout lemonde reste à quai, de manière à ce que les stocks de crevettes puissent se reconstituer. Cela nous donne aussi le temps de travailler un peu sur nos chalutiers. »
Pour Klaas Bouma et ses collègues des trois pays, le respect des exigences de durabilité de la norme MSC constitue une limitation, mais tous se réjouissent de la certification. « C’est un vrai petit miracle de voir autant de pêcheurs de crevettes établir ensemble un plan de gestion. Mais nous y sommes arrivés, en dépit de tous les différends dans le secteur. Nous montrons ainsi que les pêcheurs de crevettes sont à l’écoute de la société », souligne Simon Koornstra, pêcheur de crevettes de HA4, de Harlingen.
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